La vérité est sans appel selon une étude menée par le collectif Sista : depuis 2008, seulement 2% des fonds d’investissement ont été obtenus par les femmes startupers. Pourtant, ces dernières sont à l’origine de la mise en place de près de 6% de la totalité des stratups. Est-ce qu’elles sont donc victimes de discrimination liée au genre quand il s’agit de levées de fonds ? Éléments d’enquête.

Pourquoi de tels écarts dans les chiffres ?

Les différences de salaires entre les hommes et les femmes sont monnaie courante dans le monde professionnel. Dans l’écosystème des startups, les femmes fondatrices sont confrontées au même type de problème. Lorsqu’une opportunité de financement se présente, il est rare qu’une femme soit la première à en bénéficier.

Nombreux sont ceux qui n’ont pas idée que les femmes sont tout à fait capables de réussir dans l’univers de l’entrepreneuriat. Malheureusement, beaucoup doutent à tort des compétences techniques et donc, de l’aptitude des femmes à diriger et à réussir une affaire… autant d’éléments que le baromètre du collectif prend en compte dans ses études concernant l’accessibilité des financements.

Les startups féminines moins financées ?

Selon le baromètre Sista, 5 % des startups Français ont été entièrement créées et dirigées par des femmes et seuls 10% de ce petites entreprises ont une équipe mixte. Selon Jessica Apotheker, directrice associée de BCG, les équipes composées à 100% de femmes rencontrent plus de difficulté que les femmes cofondatrices de startup. En effet, le problème est malheureusement largement sous-estimé.

Et d’après Samantha Jerusalmy, Partner dans le fonds d’investissement Elaia et membre du board de l’association StartHer, l’univers de l’investissement professionnel, tout comme celui de l’entrepreneuriat, est composé en grande partie d’hommes. Être une femme est un atout qui permet de créer des équipes solides et fortes. En tant qu’investisseur, elle se sent concernée lorsqu’il y a diversité dans une équipe (qu’il s’agisse de différence d’âge, de genre, d’éducation, de culture, etc. ). A ses yeux, la mixité est une réelle force !

Les startups à la tête desquelles se trouve au moins une femme cofondatrice (20-30%) sont plus performantes et efficaces qu’une startup à majorité masculine (63%), rapporte une étude de 2015. Quand il s’agit de femmes dans le monde des startups, on observe souvent des comportements contradictoires : Il y a celles qui sont passionnées et animées par une cause importante, et celles qui préfèrent éluder le sujet. Pourtant, c’est clairement un avantage d’avoir une équipe où il y a une certaine diversité.

Faire une levée de fonds quand on est une femme - Le défi impossible ?

En résumé…

Pour faire court, les levées de fonds organisées par les startups établies par des équipes féminines ne sont pas toujours couronnées de succès. Et même lorsque les organisatrices réussissent à obtenir des fonds, les montants collectés sont souvent dérisoires. A noter que les startups fondées grâce à la participation d’un ou de plusieurs hommes obtiennent souvent le double voire le triple des sommes obtenues par les startups gérées par des dirigeantes.

Les difficultés des femmes à lever des fonds ralentissent l’arrivée à maturité de leurs startups, 2% depuis 2008, c’est tout de même peu. Ce qui, en plus, ne facilite pas l’arrivée en série C (3e levée d’investissement) des startups en question. À titre de rappel, l’évolution d’une startup se fait par palier de financement. Ne pas allouer des fonds à une startup tout simplement parce qu’elle a été fondée par un collectif d’entrepreneurs féminins est absurde rapporte Valentine De Lasteyrie, un des membres du collectif luttant pour le droit à la mixité entrepreneuriale.

Qu’en est-il des startups masculines ?

Selon une autre étude, 9% des hommes recherchent la mixité, pourtant, 61% des femmes fondatrices font partie d’une équipe mixte. Toujours selon ce même rapport, une association homme-femme est peu pénalisante comparée à une startup 100% masculine. Les startups sont souvent fondées entre amis et ce chiffre peut grandement en témoigner, a rappelé Jessica Apothecker, du BCG.

Il en va de même du côté des investisseurs, sur les 29 plus conséquents fonds d’investissement français, la moitié n’a pas de «partner» féminine. Si on compte, ces fonds ne comptent que 14% d’associées femmes.

Existe-t-il un guide des bonnes pratiques ?

En effet pour que les 25% des créateurs de startup soient des femmes en 2025, le collectif Sista a mis en place une charte d’engagement avec les acteurs majeurs de l’écosystème français. L’objectif est simple : mettre en place des bonnes pratiques pour remédier aux biais qui sont susceptibles d’influencer sur les décisions des acteurs concernés.

Il n’y a pas de recette miracle mais une étape cruciale consisterait à parler de la question du genre à chaque réunion avec une startup, a expliqué Valentine de Lasteyrie. Sachant que cette dernière compte dans son carnet d’adresse, une longue liste de startups créées grâce à la participation d’une ou de plusieurs femmes. Les problèmes professionnels liés au genre doivent être abordés durant les réunions ou même durant les pauses café parce que c’est un sujet important et incontournable, conseille-t-elle.